“Par éducation et par religion, j'avais toujours docilement admis, jusque-là, - sans bien y réfléchir, du reste -, une hétérogénéité de fond entre Matière et Esprit. - Corps et Ame, Inconscient et Conscient: deux «substances» de nature différente, deux «espèces» d'Être, incompréhensiblement associées dans le Composé vivant, et dont il fallait à tout prix, m'assurait’ on, maintenir que la première (ma divine Matière!) n'était que l'humble servante (pour ne pas dire l'adversaire) de la seconde : celle-ci (c'est-à-dire l'Esprit) se trouvant dès lors réduite à mes yeux, par le fait même, à n'être plus qu'une Ombre, qu'il fallait bien vénérer par principe, mais pour laquelle (émotivement et intellectuellement parlant) je n'éprouvais en réalité aucun intérêt vivant.
Qu'on juge, par suite, de mon impression intérieure de libération et d'épanouissement lorsque, à mes premiers pas, encore hésitants, dans un Univers « évolutif », je constatai que le dualisme dans lequel on m'avait maintenu jusqu'alors se dissipait comme brouillard au soleil levant.
Matière et Esprit : non point deux choses, - mais deux états, deux faces d'une même Étoffe cosmique, suivant qu'on la regarde, ou qu'on la prolonge, dans le sens où (comme eût dit Bergson) elle se fait, - ou au contraire dans le sens suivant lequel elle se défait. ”
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