20 de maio de 2008

Noogénese e Noosfera

Sautant directement du vieux dualisme statique, qui me paralysait, pour émerger dans un Univers en état, non seulement d'évolution, mais d'évolution dirigée (c'est-à-dire de Genèse), j'étais amené à opérer un véritable «tête-à-queue» dans ma poursuite fondamentale de la Consistance. Jusqu'alors, je l'ai dit, c'est du côté de l'«extrêmement simple» (c'est-à-dire du physiquement indécomposable) que tendait à s'orienter et à se fixer mon sens directeur de la Plénitude. Désormais, puisque l'essence unique et précieuse de l'Univers avait pris pour moi la forme d'un Évolutif où Matière se muait en Pensée par effet prolongé de Noogénèse, c'est avec une extrême Complexité organique que je me trouvais inévitablement et paradoxalement amené à identifier l'extrême Solidité des choses.
[...]
deux immenses Unités vivantes commençaient à monter sur mon horizon interne, - unités dé dimensions planétaires où, par excès justement de composition et d'organicité, je pouvais voir un extraordinaire pouvoir de « consolidation par complexification » se manifester au sein de l'Étoffe cosmique : L'une où venaient peu à peu se grouper et s'harmoniser sans effort mes multiples expériences de biologiste sur le terrain et en laboratoire : l'enveloppe vivante de la Terre, - la Biosphère.
Et l'autre, pour la perspective définitive de laquelle il ne faudrait rien moins, sur mon esprit, que le grand choc de la Guerre : l'Humanité totalisée, - la Noosphère. 

Teilhard de Chardin, "Le coeur de la matiére"

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